Lettre ouverte au Recteur de Lille

lundi 8 mars 2010
Roubaix, le jeudi 4 mars 2010


Les enseignants de l'ESAAT
539 av des Nations Unies
59100 Roubaix


à


Monsieur le Recteur de l'Académie de Lille

Objet : demande d'audience pour répondre à une situation d'urgence !

Monsieur le Recteur,

Nous tenons à vous faire part de la situation actuelle de notre établissement, l'École Supérieure des Arts Appliqués et Textile de Roubaix, et à vous interpeller sur son avenir :
  • suppressions de postes d'enseignants titulaires et de postes de contractuels
  • heures supplémentaires en masse
  • difficultés à recruter des vacataires compétents et impliqués...
Les enseignants de l'ESAAT souhaitent vous alerter face à la dégradation de leurs conditions de travail et à leurs difficultés à venir pour assurer un enseignement de qualité, reconnu aujourd'hui professionnellement par tous.
On nous propose une dotation avec 97 heures-postes en moins par rapport à l'année dernière. La répartition de ces moyens insuffisants a d'ailleurs a été boycotté ce mardi 2 mars lors du Conseil d'Administration car ils ne permettent pas d'envisager une rentrée 2010 de manière décente ! ( Depuis 2006, ce sont plus de 200 heures-postes qui ont déjà été supprimées à l'ESAAT) Conséquence directe : les enseignants seront appelés à effectuer en moyenne 4,75 heures supplémentaires ! Comment pourront-ils assurer dans ces conditions les remplacements des départs en retraite de leurs collègues en cours d'année, des congés maternité et des congés maladie ?
Nous ne disposons d'aucun TZR en Arts Appliqués dans l'Académie. Avec les conditions qui étaient les nôtres jusqu'à présent, nous avons déjà été à plusieurs reprises dans l'impossibilité d'offrir aux élèves la continuité de certains enseignements spécifiques. L'année dernière et cette année, des élèves se sont retrouvés sans professeur sur des périodes plus ou moins longues.

La pratique des Arts Appliqués demande des connaissances spécifiques et techniques à maîtriser (cours de technologie des matériaux, culture du design, cours de technologies nouvelles, ateliers de création...), obtenues à partir de formations spécialisées et/ou de pratiques professionnelles. Ces compétences ne peuvent pas être remplacées au pied levé, ni par un professeur issu des arts plastiques, ni par les enseignants d'arts appliqués de l'ESAAT aux horaires déjà surchargés ! Ces enseignants, très qualifiés, ne
veulent pas mettre leur enseignement en péril, ils ne pourront pas faire toutes les heures supplémentaires nécessaires au bon fonctionnement de l'école à la rentrée 2010 ! Le recours à de vacataires, aux emplois précaires et aux rémunérations peu attractives, n'est pas non plus une solution : comment vont-ils, avec de telles conditions, pouvoir s'investir dans l'établissement, avec ce que cela implique comme temps de préparation pour des cours si pointus ?

Autre conséquence : au niveau BTS et DSAA, l'intervention dans l'école de professionnels contractuels permet d'ancrer les formations dans des objectifs professionnels et assure à l'école la reconnaissance de ses diplômes auprès des métiers d'arts appliqués et des écoles supérieures. Mais le seul moyen à la rentrée 2010, pour conserver ces compétences au sein de l'établissement sera de leur proposer des heures de vacation, synonymes de précarité. Ces professionnels accepteront-ils, après s'être impliqués pendant des années dans nos formations, d'être traités aussi indignement ? Il s'agit d'une vraie remise en cause de nos sections BTS, très dommageable au moment où l'État multiplie les projets de développement et de promotion du design en France. La région Nord-Pas de Calais nous sollicite aussi de plus en plus pour développer des pôles d'excellence dans les domaines du design (acteur référencé du Pôle Image et de la zone de l'Union, 3POD...).

Mais n'oublions pas la situation de l'enseignement général qui se trouve aussi mis en danger (suppression d'heures-postes en Français, en mathématiques et en langues) : il ne serait pas acceptable que ces enseignements soient dépouillés, sous prétexte de «sauver quelques heures» en Arts Appliqués !
À noter que la volonté de mettre en place un pôle d'excellence en langues qui exige des effectifs réduits, paraît fortement compromise dans ces conditions : si au lieu d'augmenter les besoins, on supprime déjà les moyens existants, comment favoriser le plurilinguisme?

De telles prévisions de rentrée sont tout simplement aberrantes car irréalisables : il n'y aura pas assez de professeurs titulaires et/ou de contractuels pour assurer tous les cours !

C'est bien la continuité du service public d'enseignement qui est ici remise en cause.

Nous souhaitons donc être reçus en audience au rectorat le plus rapidement possible afin de dénouer cette situation critique. Nous insistons sur la force économique, régionale et nationale de nos sections dans les métiers de la création et de l'innovation. Convaincus de votre implication dans la défense du service public d'éducation, nous vous adressons, Monsieur le Recteur, nos salutations les plus respectueuses et nous vous prions de croire en notre sincère dévouement,


Les personnels enseignants de l'ESAAT réunis en assemblée générale





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